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On parle souvent ( et moi le premier) de la peine des salaries ,mais il ne faut pas oublier ceux qui les guident :leur patron .

«Les médecins et sociologues spécialisés dans la souffrance au travail partent de l’idée qu’elle vient d’un rapport de domination : le patron étant le dominant, il ne peut souffrir, explique l’enseignant-chercheur Olivier Torrès de l’université de Montpellier devant un parterre de patrons. Or les facteurs de mal-être qu’on applique d’habitude aux salariés peuvent très bien s’appliquer aux patrons de PME : surcharge de travail, stress, incertitude sur l’avenir, sentiment d’isolement.»

Le but d’Olivier Torrès : monter un observatoire de la santé des dirigeants de PME. Il va s’atteler à rencontrer toutes les organisations patronales à ce sujet… «La souffrance du patron de PME est invisible. Il n’existe aucune statistique puisque les chefs d’entreprise ont historiquement refusé de rentrer dans un système social de médecine du travail. Personne ne connaît leurs pathologies», justifie-t-il. La question pourrait devenir urgente vu l’engouement qu’ont mis les derniers gouvernements à développer «l’esprit d’entreprendre» des Français, à coup d’aides à la création ou d’allégement des statuts (récemment encore avec la trouvaille de l’auto-entrepreunariat).

Souffrance patronale ? « Il n’y a qu’à la télévision qu’on voit ça »,mais on en vient à citer, à moitié en riant, les 3D» : dépôt de bilan, divorce, dépression:« La dépression, ça vient à la fin, quand tout est fini . »Moi, c’est toujours en vacances que je suis malade !»

Finalement, parlons  de la grande solitude du dirigeant. Douloureusement souvent, mais pas toujours sans fierté. Victor a 26 ans, il a monté son entreprise dans le bâtiment en septembre. « Il y a certaines décisions que tu prends seul. Pour moi, c’est les pires moments de stress. Quand tu es dans le noir, que tu ne sais pas par où aller. Les salariés, eux, ils ne sont jamais seuls », estime-t-il. « Et le PDG d’une grosse boîte qui gère des millions, il s’en fout c’est pas les siens les millions, poursuit un autre. Au pire il se fait virer – et encore, au rythme où ils se font embaucher d’une boîte à l’autre, les patrons du CAC 40… » Les chefs de PME, eux, sont personnellement et financièrement embarqués dans leur entreprise. Quand Victor est allé voir son banquier pour obtenir un prêt, il a dû se porter caution. «Parfois ils demandent à nos conjoints d’être gérants, c’est une manière de mouiller financièrement nos familles. De contourner le régime de la séparation des biens. »

Prendre une décision, ça peut vouloir dire licencier. Martial Demange a créé son entreprise à 23 ans. A 38 ans, il est à la tête d’un petit groupe de trois entreprises, en Lorraine. «Parfois tu te dis, mais de quel droit ? Il m’est arrivé de mettre six mois à passer à l’acte pour licencier quelqu’un alors que je savais très bien qu’attendre était mauvais pour la société», dit-il. « Autant Carlos Ghosn ne connaît pas personnellement les gars dont il supprime les postes, reprend Olivier Torrès. Autant un licenciement en PME ça se compare à un meurtre à l’arme blanche : on doit regarder dans les yeux celui qu’on licencie. »

Martial, lui, s’est « préparé » à faire face au stress : « J’ai fait énormément de stages de développement personnel, de connaissance de soi, de gestion du stress avec un coach sportif. Un de ses amis a passé un mois à l’hôpital pour se remettre d’une dépression. Dans sa ville de 10 000 habitants, il vient d’apprendre le suicide d’un dirigeant dont l’entreprise venait d’être rachetée. « Le suicide, c’est l’accumulation des difficultés financières et de l’honneur. Quand tu es dirigeant, tu as une place sociale. Tu es le « directeur ». Depuis la crise, il y a des dirigeants qui ont tout fait « comme il faut », et pourtant, tout s’arrête pour eux. »

Or les employeurs sont élevés (ou ont adhéré) au culte de l’hyperperformance.

Les patrons sont enfermés dans une vision narcissique d’eux-mêmes, note Torrès. Dans les écoles, on leur apprend le leadership. Le patron doit être le winner. Alors le jour où il a un problème, il se tait.

Et puis il y a ceux qui pensent au contraire que leurs responsabilités les protègent.Les optimistes.

« A votre avis, pourquoi les congés maladie sont bien plus nombreux parmi les salariés ? Je reste persuadé que nous, les chefs d’entreprise, sommes en moyenne en meilleure santé que nos salariés, estime Yves Perrot, responsable du CJD à Paris. Tout simplement parce que nous avons choisi. D’accord, on peut travailler soixante-dix heures par semaine, mais c’est parce qu’on le veut bien. J’avais beaucoup plus de mal quand je travaillais comme salarié… Cette liberté-là, c’est énorme. C’est nous qui décidons.

extrait de liberation.fr par l’exellente SONYA FAURE

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